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07. Choisir les personnes à interviewer

Les interlocuteurs rencontrés au cours de l’enquête ou questionnés par le journaliste pour préparer le reportage fournissent un grand nombre d’informations. Certaines sont éliminées parce que non informatives, déjà connues ou trop attendues. D’autres seront reprises dans le commentaire du journaliste. Il faut interviewer deux ou trois personnes* capables de produire une information qu’elles sont les seules à pouvoir énoncer à un moment donné et dans une situation donnée. Ces extraits seront intégrés dans le reportage.

Choisir le profil des interlocuteurs permet de produire des interviews informatives.

  • L’acteur : « il a fait ou subi ».

Au cœur de l’événement, il raconte ce qu’il a vécu. Une information « de première main » souvent délivrée sur un mode narratif, chronologique et détaillé que journaliste doit synthétiser dans son commentaire.

Pour obtenir un récit vivant, l’interviewé-acteur peut être mis en situation (l’interviewer sur les lieux de l’action, lui montrer une photo, une vidéo ou un objet emblématique de l’événement).

  • Le témoin : « il a vu ou entendu ».

A la périphérie de l’événement, il ne peut donner que son point de vue. Il ne faut pas lui demander de commentaires ou de généralités.

Pour reconstituer la réalité, le journaliste doit multiplier les témoignages. Le rôle du journaliste est de préciser le point de vue de chacun des témoins et la distance qui les sépare de l’événement dont ils parlent.

  • L’expert : « il sait ».

C’est celui qui donne une évaluation objective. Il peut développer une analyse ou un jugement fondés sur son savoir et ce qu’il connaît de l’événement.
Il ne faut pas lui demander ses sentiments, ses impressions ou des prédictions.

Pour permettre à l’expert de mieux calibrer ses explications, le journaliste doit expliquer les contraintes du reportage : durée limitée et téléspectateurs non spécialistes. Au besoin, le journaliste peut reformuler dans son commentaire les explications de l’expert.

  • Le mandataire, le responsable : « il déclare ».

C’est la personne publique qui veut réagir par une déclaration. Il souhaite faire une déclaration pour rendre des comptes et s’expliquer sur ses responsabilités.

  • L’attaché de presse, le porte-parole : « il remplace » le témoin, l’expert ou le mandataire.

Il n’est qu’un intermédiaire, et même s’il se présente spontanément, il ne doit être interviewé qu’en dernier recours.

* A éviter : les personnes faciles à contacter, s’exprimant facilement quel que soit le sujet, proposant des messages facile à utiliser dans n’importe quel reportage, pouvant même à la demande répondre ce que le journaliste veut entendre…

Autres formes d’interviews : 

  • Les réactions, l’opinion

L’interviewé représente une catégorie de personnes ou bien il est emblématique d’un fait de société ou d’un courant politique : il s’agit de réactions qu’il faut additionner pour rendre compte de la diversité des points de vue.

En principe, toute opinion doit être contrebalancée et rééquilibrée par les opinions opposées.

  • L’entretien

L’entretien est une longue interview pour dresser un portrait d’une personne ou faire le tour d’une problématique. Le journaliste doit se documenter.

  • Le micro-trottoir

Le micro-trottoir ne produit jamais d’information. Il illustre seulement une tendance connue. Répondant à une même question, les extraits d’interview sélectionnés se succèdent au montage et, en général, les personnes interrogées ne sont pas identifiées par un sous-titre (synthés).

Pour dessiner un portrait riche et informatif :

  • Pour enrichir l’interview de la personne dont on fait le portrait : multiplier les lieux de tournage et trouver un cadre différent pour chacun des thèmes abordés.
  • Pour que le portrait soit intéressant : multiplier les personnes interviewées et croiser les regards portés sur la personne dont on fait le portrait.

Cette approche dessine souvent un portrait plus juste qu’un long entretien réalisé avec une seule personne.